Résumé
Dans les années sombres de la Seconde Guerre mondiale, l’École normale supérieure de la rue d’Ulm a vécu au rythme des événements qui ont bouleversé la France.
S’y sont croisées des figures aussi différentes que Jérôme Carcopino, directeur de l’École et un temps ministre à Vichy, Jean Cavaillès « philosophe bourré d’explosifs », et Henri Cartan le père des mathématiques modernes. Des jeunes gens appelés à un brillant avenir y ont fait leurs premières classes universitaires. Pêle-mêle, Maurice Clavel, Jean Delumeau, Pierre Moussa, René Rémond ou Jean-François Revel pour les lettres, Marcel Boiteux, Georges Debreu ou René Thom pour les sciences. Tandis que les candidats juifs, interdits de scolarité, se voyaient attribuer des numéros « bis » en cas de réussite au concours.
Alors les normaliens ont à la fois beaucoup travaillé et, pour certains, beaucoup résisté. Robert Salmon a fondé Défense de la France. Henri Plard a passé trois mois à Drancy pour avoir porté l’étoile jaune alors qu’il était protestant. La Gestapo a fait irruption rue d’Ulm la nuit du 4 août 1944. Elle a arrêté le directeur adjoint Georges Bruhat et le secrétaire général Jean Baillou. Le premier n’est jamais revenu de Buchenwald.
Soixante ans après, c’est cette histoire que retrace Stéphane Israël au terme d’une enquête sur les normaliens des promotions 1937 à 1943 et sur l’administration et les enseignants de l’École pendant la Seconde Guerre mondiale. L’histoire totale d’un passé qui ne passe pas.
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L’auteur
Né en 1971, Stéphane ISRAËL est agrégé d’histoire, ancien élève de l’ENS et de l’ENA. Il est actuellement conseiller référendaire à la Cour des comptes et professeur associé à l’ENS.
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Sommaire
Préface par Jean-François SIRINELLI
Introduction
Prologue. Avant-guerre, drôle de guerre, débâcle
L’École normale des années 30
Drôle de guerre et drôle d’École
Les élèves mobilisés : on fait la guerre ?
Le concours, rien que le concours, toujours le concours
I – UN ÎLOT DE TRANQUILLITÉ (OCTOBRE 1940-FÉVRIER 1943)
Jérôme Carcopino : un symbole des temps nouveaux
la Rome antique au maréchal Pétain
Le projet de Jérôme Carcopino : recréer l’École normale d’avant 1903
Libérer la rue d’Ulm, remettre les normaliens au travail
Travailler à l’École normale supérieure
Entrer rue d’Ulm
Le niveau baisse
L’École se réorganise
Le dernier endroit où l’on cause
Formation intellectuelle et déroulement des études
Les tensions provoquées par l’agrégation et la quatrième année
Vivre rue d’Ulm
Turnes, bizutages et canulars
On va au spectacle ?
Les normaliens et la Maison des lettres
Talas et parpaillaux restent actifs
Le pot : « du cycle infernal » à la « ration pompier »
Deux impulsions de Vichy : le sport et l’éducation générale
II – OPINIONS, ENGAGEMENTS, ÉLOIGNEMENTS ET EXCLUSIONS (OCTOBRE 1940-FÉVRIER 1943)
S’informer, contester, résister
L’École normale et la révolution nationale
Face à l’occupation allemande et aux évolutions de la guerre
Les premiers actes de résistance
Normaliens réprouvés et normaliens hors les murs
Trois sortes d’exclus
Les prisonniers de guerre
Les normaliens dans les mouvements de jeunesse de la zone sud
III - L’ÉCOLE DANS LA GUERRE (FÉVRIER 1943-AOÛT 1944)
LeSTO à l’École normale : l’attitude de l’administration
Trouver une solution globale (février-mai 1943)
Tirer parti du réseau normalien et des compétences des élèves (été 1943)
Trouver des affectations légales en France (septembre 1943-juillet 1944)
Le STO à l’École normale : le choix des élèves
Mille et une affectations légales
Ni STO, ni Résistance
Vers une participation active à la Résistance
La guerre totale : vers le drame du 4 août 1944
La rue d’Ulm sous influence
Une résistance normalienne
L’aggravation de la répression allemande
Épilogue. Présence de la guerre après l’Occupation (1944-1946)
On termine la guerre ?
Les retours et le souvenir de la guerre
Conclusion
Annexes
Bibliographie