Collection du CEPREMAP n° 23 - - - - - - - - - -
Résumé
La crise a affecté les comportements de l’épargnant : les ménages français se sont montrés en moyenne plus « prudents », désirant épargner davantage dans des placements plus sûrs et à plus long terme, et limiter parallèlement leurs investissements risqués.
Comment expliquer ce changement ? Les Français se sont-ils simplement adaptés au nouvel environnement économique et aux évolutions perçues dans leur situation personnelle : baisse anticipée des ressources ou des rendements d’actifs, exposition au risque plus élevée, etc. ? Ou bien la crise a-t-elle modifié la « psyché » même des individus, à savoir ici les préférences de l’épargnant en matière de risque et vis-à-vis du futur : manifeste-t-il une plus grande « aversion au risque » qu’hier ? En termes d’horizon décisionnel, l’épargnant est-il moins obnubilé par les échéances de court terme et plus soucieux de son avenir ? Bref, ses préférences sont-elles soumises aux aléas de la conjoncture économique et financière ?
À cette question centrale, notre étude répond par la négative, concluant ainsi à la stabilité d’ensemble des préférences de nos compatriotes à l’égard du risque et du temps pendant la crise de 2008. Contrairement à une antienne à la mode, ce résultat qui peut surprendre révèle un épargnant « stoïque » dans la tourmente, pas plus averse au risque qu’auparavant.
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Les auteurs
Luc ARRONDEL est directeur de recherche au CNRS et consultant scientifique à la Banque de France. Il est chercheur à l’École d’économie de Paris (PSE). Il étudie le patrimoine des Français et les comportements de l’épargnant.
André MASSON est directeur de recherche au CNRS et directeur d’études à l’EHESS. Il est chercheur à l’École d’économie de Paris (PSE). Ses travaux portent sur le patrimoine des Français, les liens entre générations et la rationalité de l’épargnant.
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Sommaire La crise, le risque et les réactions de l’épargnant : quelle grille d’interprétation ? Des bulles immobilières qui se dégonflent et des bourses qui s’écroulent Une récession générale et un chômage souvent en forte hausse Réactions de l’épargnant : entre calcul et émotions (plan de l’étude)
Épargne et patrimoine : de fortes disparités entre pays et entre compatriotes Richesse et nations Des effets richesse qui pèsent différemment sur la consommation et la croissance des pays Qui possède quoi ?
Comment la théorie économique explique-t-elle les comportements de l’épargnant ? Séparer les préférences vis-à-vis du risque et du temps des perceptions du monde présent et à venir
Vers des modèles de choix plus réalistes mais plus complexes Le débat relatif à la rationalité des choix patrimoniaux La crise : un test grandeur nature de la rationalité de l’épargnant
Comment mesurer les anticipations et les préférences des épargnants français ? Les données françaises du panel PaterLes anticipations de prix et de revenus en mai 2007 et juin 2009 Les mesures usuelles des préférences à l’égard du risque et du tempsMesurer autrement les préférences : l’élaboration de « scores » synthétiques et ordinaux Que nous apprennent les mesures des préférences des épargnants ? Leçons provisoires pour la politique économique
Le ressenti de la crise : l’Allemagne aux antipodes des Etats-Unis ? Des ménages allemands en majorité peu touchés par la crise ? Les multiples segments de la population américaine affectés par la crise : propriétaires, actionnaires, chômeurs, (futurs) retraités
France : une situation intermédiaire entre l’Allemagne et les Etats-Unis Les ménages français prennent moins de risque dans leurs choix financiers Les Français ont-ils simplement adapté leurs comportements au nouvel environnement économique ou ont-ils également changé de préférences ?
Les effets de la crise sur les préférences de l’épargnant en France (et ailleurs) Fragments d’expériences étrangères : Royaume-Uni et Allemagne France : les mesures usuelles concluent à une moindre tolérance au risqueScores : l’invariance statistique des préférences à l’égard du risque et du long terme Impact de la crise sur les comportements, les préférences et les anticipations des épargnants : bilan de l’expérience française
Conclusions Des anticipations volatiles qui expliquent une moindre prise de risque
Des préférences stables en France et ailleurs Qu’est-ce qui détermine les préférences d’un individu à l’autre ?
Annexe
La supériorité des scores sur les autres mesures de préférence
Bibliographie